Pour susciter de nouvelles réflexions autour du bien-être et approfondir la notion de vivre ensemble, l’agence de sociologie appliquée n-clique, partenaire de la Ville, a mené une étude sociologique sur ces thématiques et en a présenté les conclusions aux participant.es lors du deuxième ateliers de l’édition 2024.
Pour réaliser son étude, l’agence s’est appuyée sur des données de terrain (micro-trottoirs, questionnaire en ligne…), sur des entretiens avec des experts et sur l’analyse des données existantes sur le bien-être et vivre ensemble.
Vous pouvez consulter ci-dessous leur revue de littérature, leurs synthèses des publications les plus marquantes et les points clés à retenir. L’ensemble est classée suivant les principales thématiques analysées. En cliquant sur chaque publication, vous pouvez accéder à sa synthèse.
Les définitions et la mesure du bien-être
Points clés à retenir
- Plusieurs méthodes peuvent être adoptées pour mesurer le bien-être.
- Mais l’attention accordée à la définition et à la mesure du bien-être découle d’une remise en question du PIB en tant qu’indicateur unique de richesse sociale et économique.
- Que l’on considère le bien-être sous l’angle individuel ou collectif, objectif ou subjectif, son évaluation complète exige une approche intégrative combinant des indicateurs monétaires et non monétaires (sociaux, environnementaux…).
- Pour déterminer les indicateurs les plus pertinents pour mesurer le bien-être dans une dimension locale, il demeure essentiel d’inclure la participation des divers acteurs et actrices. Cette démarche doit être construite collectivement.
- En fonction des objectifs et des aspirations de la démarche, différents indicateurs peuvent être mobilisés. Parmi ces indicateurs, le « vivre ensemble » se révèle être particulièrement pertinent pour évaluer le bien-être à l’échelle territoriale.
Définir et mesurer le bien-être
Les approches du bien-être. Un champ de recherche multidimensionnel
Article scientifique de Zoé Perron, Julia Buzaud, Kevin Diter & Claude Martin, 2019
Cet article explore le concept complexe du bien-être et ses multiples dimensions. Les auteurs soulignent le défi inhérent à sa définition et sa mesure et préconisent une approche multidimensionnelle, tout en intégrant des aspects objectifs et subjectifs, individuels et collectifs.
- Un concept complexe et multidimensionnel qui englobe des aspects physiques, mentaux et matériels
- Le bien-être est multidimensionnel et inclut des aspects comme la santé, l’éducation, l’emploi, les relations sociales, l’environnement, et la sécurité.
- Sciences sociales / politiques : Reconnaissent sa nature multidimensionnelle et souligne la diversité de définitions
- Philosophie : Voit le bien-être comme un état émotionnel positif (Aristote) ou une expérience de plaisir (Kant), avec diverses notions en jeu : le bonheur, la joie, le plaisir, la satisfaction…
- 4 angles d’étude du bien-être : individuel ou collectif, objectif ou subjectif
- Bien-être individuel : Analysé en termes de santé, fonctions psychosociales, rapports sociaux, situation économique.
- Bien-être collectif : Englobe des facteurs économiques, sociaux, politiques et géographiques.
- Bien-être objectif : Mesuré à travers des indicateurs économiques et monétaires, ou des indicateurs de santé.
- Bien-être subjectif : Combine le sentiment de bonheur et de satisfaction envers la vie et les conditions de vie.
- Mesurer le bien-être à partir d’indicateurs variés
- Économie : Mesure du bien-être principalement à travers des indicateurs économiques et monétaires
- Lien avec le contexte sociopolitique et la justice sociale
- Les individus qui ressentent des injustices sociales voient leur bien-être affecté.
- Mettent en tension la mesure du bien-être avec les perceptions individuelles, ainsi qu’avec les comparaisons sociales
- OMS / ONU : Insistent sur l’importance de la santé et des liens sociaux pour le bien-être global
- OECD : Souligne la dimension économique et monétaire du bien-être, tout en prenant en compte les indicateurs sociaux et environnementaux
- La tension est créée par le défi de pondérer et d’intégrer ces différentes dimensions dans une mesure globale du bien-être.
- Ainsi, les différentes approches de la notion du bien-être reflètent des valeurs, des méthodologies et des objectifs de mesure différents.
- L’étude de la notion de bien-être doit naviguer entre ces approches pour parvenir à une compréhension plus nuancée de ce concept et sa mesure.
Les indicateurs alternatifs du bien-être
Cahier statistique, de Romina Boarini, Åsa Johansson & Marco Mira d’Ercole, OCDE, 2006
Comment mesurer le bien-être ? Le présent article défend l’idée selon laquelle cette mesure ne doit pas se limiter à la dimension monétaire, bien que celle-ci soit essentielle pour pouvoir soutenir d’autres conditions favorables. A cet égard, les auteurs soulignent l’importance de mobiliser des indicateurs complémentaires, notamment sociaux et environnementaux, pour une mesure nuancée du bien-être.
- Les indicateurs monétaires du bien-être
Toute mesure économique qui tente de quantifier le bien-être matériel d’une population en se basant sur des données financières et économiques- Produit Intérieur Brut (PIB)
- Valeur totale de tous les biens et services produits dans un pays au cours d’une période donnée.
- Souvent utilisé comme indicateur principal de la taille et de la santé de l’économie.
- Revenu National Brut (RNB)
- Désigne le revenu disponible pour les résidents d’un pays.
- Revenu National Net (RNN)
- Soustrait de l’RNB l’amortissement du capital et mesure les ressources disponibles.
- Produit Intérieur Brut (PIB)
- Défis du PIB en tant qu’indicateur principal du bien-être
- Le PIB ne se concentre que sur la production économique, négligeant le revenu individuel, la consommation, la dégradation des équipements, ou encore, l’investissement nécessaire pour leur maintien.
- Il ignore aussi les inégalités de revenus au sein d’une population, ainsi que l’épuisement des ressources non renouvelables et les externalités négatives comme la pollution.
- Les indicateurs non monétaires du bien-être
Toute mesure qui tente de capturer d’autres dimensions du bien-être humain.- Santé : l’espérance de vie, la mortalité infantile, l’état de santé auto-déclaré, l’accès aux soins de santé…
- Education : le taux d’alphabétisation, le taux de scolarisation, le niveau d’études, les résultats scolaires…
- Emploi et conditions de travail : le taux d’emploi, leur qualité et sécurité, le temps de travail…
- Environnement : la qualité de l’air, l’accès à l’eau potable, la biodiversité, la gestion des déchets…
- Cohésion sociale : le taux de criminalité, l’implication civique, la confiance, les réseaux de soutien…
- Libertés individuelles et droits humains : les libertés politiques, les droits civils, l’égalité des sexes…
- Satisfaction et bonheur subjectifs : bien-être psychologique et émotionnel des individus…
- Temps de loisir : la quantité et la qualité du temps de loisir, l’accès à la culture, aux arts, aux sports…
- Équité et inclusion sociale : l’égalité, la non-discrimination et l’inclusion des groupes marginalisés…
L’évolution du bien-être en France depuis 25 ans : un bilan mitigé, une augmentation des inégalitéses indicateurs alternatifs du bien-être
Article scientifique, de Régis Bigot & Sandra Hoibian, 2014
La richesse nationale, traditionnellement mesurée par le PIB, a longtemps été le principal indicateur de l’évolution du bien-être des populations. Pourtant, les critiques s’élèvent contre cette pratique à réduire la qualité de vie à un simple indicateur monétaire. À partir des données de l’enquête « Conditions de vie et Aspirations », réalisée depuis 35 ans par le CRÉDOC, cet article vise à dresser un portrait de l’évolution des différentes dimensions du bien-être de la population française.
- L’importance d’explorer les aspirations de la population pour évaluer le bien-être
- Les individus sont les mieux placés pour juger de leur propre situation.
- Les aspirations reflètent les opinions, besoins, préoccupations et valeurs personnelles.
- La nécessite de combiner des indicateurs objectifs et subjectifs pour un portrait complet du bien-être des Français.
- Une démarche méthodologique visant à ne pas se limiter pas aux conditions matérielles et prendre en compte ses dimensions non marchandes.
- La volonté de mobiliser une variété d’indicateurs entre perceptions individuelles et conditions de vie
- Indicateurs subjectifs : perceptions des individus sur leur bien-être (l’absence de détresse psychologique, la satisfaction personnelle, les liens sociaux…)
- Indicateurs objectifs : conditions de vie observables (logement, loisirs, emploi, éducation, sécurité)
- Les principaux indicateurs de l’évolution du bien-être des Français issus de l’enquête Conditions de vie et Aspirations :
- Situation financière réelle et perçue
- Patrimoine détenu
- Qualité de vie dans le logement
- Equipement de foyer
- Situation professionnelle
- Loisirs et temps libre
- Vie citoyenne
- Etat de santé ressenti
- Les liens et relations sociales
- Sentiment de sécurité
- Niveau d’éducation
Autres articles pour aller plus loin
La mesure du bien-être à l’échelle locale
Évaluer le bien-être sur un territoire
Ouvrage spécialisé, de Lise Bourdeau-Lepage, 2020
Issu du projet BRRISE (Bien-être, attractivité des territoires ruraux et inégalités socio-spatiales), un projet de recherche du programme Pour et Sur le Développement Régional (PSDR4 Rhône-Alpes), cet ouvrage vise à proposer une variété démarches de la construction d’un guide méthodologique, visant à mener des diagnostics territoriaux centrés sur le bien-être.
Évaluer le bien-être sur un territoire
- Différents outils méthodologiques pour évaluer le bien-être à l’échelle territoriale
- Indice OppChoVec : Cet indice permet de comparer objectivement le bien-être entre différents territoires en évaluant des éléments tels que l’éducation, la mobilité et le revenu.
- Jeu de cartes TELL_ME : Utilisant des cartes iconographiques et un questionnaire, ce jeu permet de recueillir les préférences des habitants concernant leur bien-être.
- MAQUETTE-FOYER : Destinée à identifier les éléments clés du bien-être à l’échelle du logement.
- Cartographie 2D ESCAPAT : Aide à comprendre la construction collective du bien-être en identifiant les lieux importants et les réseaux sociaux qui contribuent au bien-être.
- Ces outils sont différenciés par leur approche (participative ou non), leur échelle spatiale, leur forme et la dimension du bien-être qu’ils privilégient.
- Les diagnostics territoriaux centrés sur le bien-être sont privilégies pour diverses raisons.
- Élaborer des politiques publiques centrées sur l’humain et son environnement, en renouvelant les modes d’action des acteurs territoriaux.
- Placer le bien-être au cœur de l’action collective et à reconnaître que les habitants contribuent à produire l’information sur les territoires.
- Les objectifs d’une approche participative dans le cadre d’un diagnostic territorial sont de privilégier la dimension de l’espace vécu, de considérer la pluralité des représentations que les individus associent au territoire, et d’intégrer les attentes des acteurs dans la stratégie de développement.
- Cette approche permet aux habitants de participer à la co-construction de la stratégie de développement, de faire entendre leurs besoins, et d’intégrer les problématiques qu’ils rencontrent.
- Elle vise également à aboutir à une vision partagée du territoire, facilitant ainsi la compréhension et l’adhésion des habitants aux actions menées.
Indicateurs de bien-être. État des lieux.
Rapport, AUDIAR (Agence d’urbanisme et de développement intercommunal de l’agglomération Rennaise), 2017
Ce rapport propose un cadre de réflexion et des pistes opérationnelles afin de construire un indicateur de bien-être adapté à l’agglomération rennaise. Adoptant une posture critique vis-à-vis du PIB comme indicateur unique de richesse sociale et économique, le rapport prône l’adoption de nouveaux indicateurs pour la mesure du bien-être, qui intègrent des dimensions sociales, environnementales et de développement durable.
- Une démarche méthodologique pour construire un indicateur de bien-être local
- Définir l’objectif
Clarifier l’usage de l’indicateur : informer, alerter et guider les politiques publiques. - Définir les dimensions du bien-être
Conceptualiser le bien-être impliquant ses aspects matériels et immatériels, ainsi que ses dimensions individuelles et territoriales. - Définir la méthodologie
Privilégier approche participative : Recueillir les avis des habitant·es pour intégrer leurs expériences et attentes et faciliter le passage d’une conception individuelle du bien-être à une conception collective.
- Définir l’objectif
- Les exemples d’indicateurs présentés dans le document mettent en évidence la diversité des approches pour mesurer le bien-être et le développement au-delà du PIB dans divers contextes.
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- Le bien-être dans les politiques territoriales
- Territoires, bien-être et politiques publiques
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- La diversité des expériences locales d’indicateurs alternatifs : une étape nécessaire ?
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Le vivre ensemble : un indicateur du bien-être territorial
IBEST : construction et représentation des Indicateurs d’un Bien-Être Soutenable et Territorialisé dans l’agglomération grenobloise
Rapport de recherche, de Valérie Fargeon, Pierre Le Quéau, Anne Le Roy,Claudine Offredi & Fiona Ottaviani, Centre de recherche en économie de Grenoble; Université Grenoble Alpes; Grenoble Alpes Metropole; Région Auvergne-Rhône-Alpes, 2020
Comment intégrer le bien-être et la soutenabilité ? Comment collaborer pour définir ce qui nous unit et reconnaître la valeur des aspects non monétisables ? L’expérimentation IBEST sur la métropole grenobloise, axée sur les indicateurs de bien-être soutenable et territorialisé, s’efforce de répondre à ces interrogations.
- Une méthodologie combinant approche quantitative et démarche participative
- Enquête quantitative :
Un questionnaire téléphonique est utilisé pour interroger 1000 personnes, fournissant des données individuelles sur leurs conditions de vie et leur bien-être. Environ 70 questions mesurent diverses dimensions du bien-être. - Démarche participative :
Des ateliers et des forums réunissent citoyens et experts pour passer d’une conception individuelle du bien-être à une vision collective, basée sur des valeurs et des jugements d’utilité partagés. - Croisement des méthodes :
Les résultats de l’enquête quantitative sont analysés à travers le prisme des discussions et des valeurs émergentes des ateliers, permettant de sélectionner les indicateurs les plus pertinents. - Tableau de bord du bien-être soutenable :
Cette démarche méthodologique conduit à un tableau de bord intégrant huit dimensions du bien-être soutenable.
- Enquête quantitative :
- Reposant sur une approche collective auprès des professionnels des politiques publiques, des chercheurs, des militants et des habitants, cette démarche a conduit à la définition collective de huit dimensions du bien-être soutenable et territorialisé.
- La dimension Démocratie et vivre ensemble évalue le tissu relationnel des habitants et habitantes et leur façon de « faire société » à travers des indicateurs suivants :
- La confiance dans les institutions.
- L’intégration dans des réseaux d’entraide.
- La dimension « Démocratie et vivre ensemble », l’une des huit dimensions d’IBEST, examine la manière dont les habitant·es s’épanouissent dans leurs relations avec autrui et au sein de la communauté.
- En s’appuyant sur les indicateurs définis dans le cadre analytique, trois profils types se distinguent :
- Les isolé·es
- Les relié·es indépendant·es
- Les affilié·es
- Bien que la typologie élaborée ne révèle pas de corrélation nette entre la dimension « Démocratie et vivre ensemble » et le territoire, elle illustre de manière significative le rôle clé des conditions de vie, du logement et de l’environnement territorial dans les expériences d’isolement des habitant·es.
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Les enjeux du vivre ensemble dans la Boussole du bien-être
Points clés à retenir
- L’édition 2024 de la Boussole du bien-être de la Ville de Lyon vise à aborder la notion de « Vivre ensemble » autour de 3 enjeux identifiés.
- Le fait de se sentir entouré est étroitement lié à diverses circonstances sociales et individuelles, parmi lesquelles figurent notamment le degré d’intégration dans la société et d’isolement social.
- L’isolement social constitue un phénomène complexe lié au degré de connexion avec des réseaux sociaux à différentes échelles.
- Il peut toucher toute personne, mais certaines sous-populations, comme les personnes âgées et celles en situation de précarité économique et/ou relationnelle, y sont particulièrement vulnérables.
- Pour évaluer l’accessibilité et l’attractivité des espaces de convivialité urbains, lieux idéaux pour la construction et le maintien des liens sociaux, il demeure essentiel de prendre en compte la manière dont l’espace public est perçu par ses usagers.
- Les espaces de convivialité peuvent jouer un rôle clé dans le tissu social urbain, mais leur utilisation demeure étroitement liée à la perception des individus.
- Pour créer des espaces de convivialité plus inclusifs et attractifs, l’urbanisme doit tenir compte du rapport affectif des différentes catégories sociales à la ville et notamment à l’espace public.
- La capacité d’agir dans sa ville avec, via et pour les autres englobe une grande diversité d’actions comme la participation citoyenne à la politique, l’implication dans des manifestations sociales ou encore l’engagement associatif, etc.
- Les disparités socio-économiques, les contraintes temporelles, ou encore, le manque d’accès à l’information peuvent entraver la volonté d’agir avec ou en faveur des autres, sous ses diverses formes (participation publique, mobilisation politique, engagement associatif, etc.)
Enjeu I : Se sentir entouré
Le lien social
Ouvrage, Serge Paugam, 2009
Cet ouvrage explore la notion de lien social et les moyens de retisser ces liens afin de renforcer la cohésion sociale. En s’appuyant sur la pensée de Durkheim, Paugam propose une typologie des types de liens sociaux et de leurs vulnérabilités. Cette typologie nous incite à reconsidérer le lien social aujourd’hui pour mieux répondre aux défis contemporains de la solidarité..
- La morale fondée sur l’attachement aux groupes et à la société
- Selon Durkheim, l’état de dépendance et l’intégration dans le tout social transforment l’individu en être moral. L’individu contemporaine, à la fois autonome et lié aux autres, respecte des règles morales par plaisir de réciprocité et sentiment d’utilité.
- Fragilité des liens sociaux : une critique à la fois ancienne et contemporaine
- A l’épreuve des disparités d’entrecroisement selon les individus, les liens sociaux se fragilisent.
- Confrontés au délitement du lien social, les citoyens se trouvent désorientés quant au « vivre ensemble ».
- Deux dimensions des liens sociaux : protection et reconnaissance
- Les liens sociaux restent essentiels pour l’individu, fournissant à la fois protection et reconnaissance.
- Protection : ressources (familiales, professionnelles, communautaires) contre les aléas de la vie.
- Reconnaissance : validation sociale de l’existence et de la valeur individuelle.
- Il est possible d’identifier 4 types de liens sociaux basés sur ces deux dimensions.
- Lien de filiation : entre parents et enfants
- Lien de participation élective : entre conjoints, amis, et proches choisis
- Lien de participation organique : entre acteurs du monde professionnel
- Lien de citoyenneté : entre membres d’une même communauté politique
- Les liens sociaux restent essentiels pour l’individu, fournissant à la fois protection et reconnaissance.
L’attachement social. Formes et fondements de la solidarité humaine
Ouvrage, Serge Paugam, 2023
Les différents types de liens sociaux, imbriqués les uns dans les autres, constituent les assises de notre existence. L’attachement se déploie au sein de ces dimensions interconnectées qui tissent le tissu social des communautés et des territoires. Dans son ouvrage, Paugam propose une typologie des régimes d’attachement, chacun représentant une manière spécifique de réguler les liens sociaux. Cette typologie illustre la manière dont ces divers régimes d’attachement structurent nos sociétés, influençant nos identités sociales et individuelles.
- Les régimes d’attachement social correspondant à différents états des liens sociaux
- Intégration assurée
- Fondé sur des liens sociaux forts, stables et interconnectés.
- Offre une protection et une reconnaissance maximales.
- Les individus sont étroitement liés, formant des réseaux solides.
- Expérience de distinction possible, mais parfois accompagnée de méfiance envers les autres citoyens.
- Tendance au repli sur des cercles restreints et privilégiés.
- Intégration fragilisée
- Liens sociaux affaiblis mais encore présents.
- Doutes sur la pérennité des liens et de l’engagement envers la société.
- Prédisposition à envisager des changements radicaux ou des réformes.
- Émotions telles que la frustration, le sentiment de perte, la colère ou l’apathie peuvent être ressenties.
- Rupture partielle des liens sociaux, avec tentative de compensation par des interactions résiduelles.
- Recherche de sécurité et de soutien supplémentaires dans la sphère privée.
- Risque accru d’accroissement des inégalités sociales.
- Recours à des identités culturelles ou traditionnelles comme mécanisme de résistance face à la perte de liens de participation et de citoyenneté.
- Intégration marginalisée
- Rupture cumulative et profonde des liens sociaux.
- Présence minimale d’attachement aux groupes et à la société.
- Survie dans des conditions de précarité extrême.
- Recherche désespérée des ressources de base pour la subsistance.
- État de quasi-exclusion sociale, proche d’une forme de marginalisation absolue.
- Intégration compensée
- Rupture partielle des liens sociaux, avec tentative de compensation par des interactions résiduelles.
- Recherche de sécurité et de soutien supplémentaires dans la sphère privée.
- Risque accru d’accroissement des inégalités sociales.
- Recours à des identités culturelles ou traditionnelles comme mécanisme de résistance face à la perte de liens de participation et de citoyenneté.
- Intégration marginalisée
- Rupture cumulative et profonde des liens sociaux.
- Présence minimale d’attachement aux groupes et à la société.
- Survie dans des conditions de précarité extrême.
- Recherche désespérée des ressources de base pour la subsistance.
- État de quasi-exclusion sociale, proche d’une forme de marginalisation absolue.
- Ces quatre niveaux d’intégration, caractérisés par la solidité des liens sociaux et les expériences individuelles qui en découlent, offrent une vue détaillée des dynamiques de la cohésion sociale.
- Intégration assurée
Solitudes 2022 – Regards sur les fragilités relationnelles
Rapport d’étude, Hadrian Riffaut, Séverine Dessajan, Delphine Saurier, Sandra Hoibian & Solen Berhuet, 2023
Depuis 2010, la Fondation de France explore le phénomène de l’isolement à travers des études annuelles. Après plus d’une décennie d’analyse, la Fondation a mobilisé une équipe de recherche pour réexaminer les données accumulées et offrir une nouvelle perspective sur l’isolement relationnel en France à travers une enquête ethnographique.
- Solitude et isolement : termes clés mais nuancés
- Solitude
- Nature : Sentiment subjectif de se sentir seul.
- Caractéristique : Basé sur l’expérience personnelle et émotionnelle.
- Isolement
- Nature : Condition objective mesurable.
- Caractéristique : Réfère à la rareté des liens sociaux dans plusieurs sphères de la vie.
- Solitude
- Analyser l’isolement relationnel
- Depuis 2010, l’étude annuelle « Solitudes » s’appuie sur une méthodologie multidimensionnelle pour analyser l’isolement relationnel. Elle évalue les interactions en face-à-face au sein de cinq réseaux sociaux :
- Famille extérieure au foyer
- Amis
- Voisins
- Collègues de travail
- Membres d’associations ou groupes.
- Depuis 2010, l’étude annuelle « Solitudes » s’appuie sur une méthodologie multidimensionnelle pour analyser l’isolement relationnel. Elle évalue les interactions en face-à-face au sein de cinq réseaux sociaux :
- Indicateurs utilisés pour l’analyse des dimensions de l’isolement
- Les personnes isolées : les individus n’ayant aucun contact visuel avec les cinq réseaux de sociabilité.
- Les mono-réseaux : les individus ayant un contact avec un seul réseau de sociabilité.
- Les multi-réseaux : les individus ayant des contacts avec deux réseaux de sociabilité ou plus.
Solitudes 2023 – Re-liés par les lieux
Rapport d’étude, Solen Berhuet & Sandra Hoibian, 2024
L’édition 2023 du baromètre des Solitudes de la Fondation de France se focalise sur le rapport entre les lieux et le phénomène d’isolement. Fondée sur des données quantitatives sur l’isolement relationnel parmi la population française et enrichie par une enquête de terrain, cette étude explore les « lieux de solitude » et « les lieux de lien », propices ou non aux rencontres et aux interactions sociales.
- L’isolement social qui s’intensifie de manière distincte selon les territoires
- Les campagnes en déclin
- Fragilité démographique et économique due à la désindustrialisation et au chômage.
- Affaiblissement des relations sociales et isolement accru, partiellement lié au manque de services quotidiens et de transports efficaces.
- Sociabilité souvent repliée sur elle-même parmi les moins diplômés et les classes populaires.
- La fragilisation des liens sociaux dans les quartiers prioritaires
- Vulnérabilité sociale accrue avec niveaux élevés de pauvreté, chômage et surpeuplement.
- Limitation des déplacements des habitants, particulièrement des femmes.
- Restriction des activités quotidiennes et des relations sociales diversifiées.
- Érosion des services essentiels contribuant à l’isolement et au repli social.
- La polarisation des sociabilités dans les grandes métropoles
- Fréquentation plus élevée des équipements sportifs, bibliothèques, cinémas, favorisant des contacts sociaux et protection contre l’isolement : contraste marqué avec la détresse des jeunes générations dans les quartiers prioritaires.ent
- Les campagnes en déclin
- Dynamiques de fréquentation des lieux selon les populations
- La fréquentation des lieux varie selon la diversité des publics et l’accessibilité des espaces.
- La présence physique ne garantit pas automatiquement des interactions sociales : certains lieux sont particulièrement propices à la création de liens sociaux et à la facilitation des rencontres.
- Lieux les plus fréquentés
- Les centres commerciaux et les marchés sont parmi les lieux les plus fréquentés grâce à leur attractivité élevée pour les activités pratiques et sociales.
- Ceux-ci sont suivis des espaces naturels qui sont plébiscités pour leur accessibilité et les bienfaits qu’ils procurent.
- Facteurs influençant la fréquentation des lieux
- Facteurs démographiques
- Le genre, l’âge et le statut matrimonial influencent la répartition des fréquentations.
- Impact du revenu
- Les lieux payants souvent attirent une clientèle plus aisée, tandis que la gratuité encourage une plus grande diversité de fréquentation et facilite les rencontres intergroupes.
- Facteurs démographiques
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- Quel avenir pour les sociabilités ?
- Deuxième baromètre des relations intergénérationnelles
- Baromètre du lien social : qu’est-ce qui unit les Français en 2023 ?
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- Vieillir en solitude : expériences sociales et enjeux identitaires
- Liens sociaux numériques. Pour une sociologie plus soucieuse des techniques
Enjeu II : Avoir accès à des lieux de convivialité
C’est ma ville ! De l’appropriation et du détournement de l’espace public
Ouvrage, Nicolas Hossard & Magdalena Jarvin, 2005
À travers vingt-deux études de cas françaises et internationales (dont Los Angeles, Mexico, Manchester, Bucarest, Tunis, Constantine, Yaoundé), l’ouvrage adopte une approche multidisciplinaire distinctive pour explorer la manière dont les résidents des métropoles européennes, africaines et américaines perçoivent et interagissent avec l’espace urbain, mettant ainsi en lumière les processus d’appropriation et de réinvention de la ville.
- Introduction à l’espace public
- Un sujet central dans les sciences sociales, l’espace public est exploré comme un contrepoint aux tendances de ségrégation, de fragmentation et de privatisation observées dans les villes contemporaines.
- Il est perçu comme un lieu symbolique de la démocratie et de la vie urbaine authentique, s’opposant aux espaces consuméristes à l’américaine.
- Inspiré par les idées de Wirth et de Weber, l’espace public peut être vu comme un lieu de rencontre, d’échange et de mixité sociale, incarnant l’idéal de la « vraie ville » démocratique qui trouve ses racines dans l’agora grecque et le forum romain.
- Définitions et dynamiques de l’espace public
- Les définitions de l’espace public varient selon la discipline : si certaines restent métaphoriques (comme celle de Habermas), d’autres approches adoptent une perspective juridique, politique ou urbanistique stricte.
- L’ouvrage propose une approche pragmatique pour définir l’espace public : « l’espace à l’usage de tous », « fréquentable par l’ensemble de la population », intégrant à la fois les pratiques sociales et le cadre physique dans lequel ces pratiques se déploient.
- Contributions de l’étude
- En se basant sur des études de cas françaises et internationales, cette étude aborde en profondeur la complexité de l’espace public, mettant en lumière sa nature ambivalente à travers une série d’oppositions et de négociations impliquant divers acteurs urbains.
- Oppositions dialectiques de l’espace public
- Publicité vs Appropriation : l’espace public est à la fois un lieu collectif soumis aux règles d’anonymat et d’inattention polie, mais aussi un espace approprié et détourné par les pratiques sociales qui lui donnent sens.
- Normatif vs Subversif : il est à la fois un espace normatif, réglementé par les autorités, et un lieu de contestation et de transgression des normes établies.
- Matériel vs Immatériel : l’impact physique de l’espace public coexiste avec son appropriation immatérielle par des activités culturelles et artistiques qui sculptent son caractère et son usage.
La diversité des processus de privatisation de l’espace public dans les villes européennes.
Article scientifique, Christian Dessouroux, 2003
Cet article analyse la privatisation de l’espace public en explorant ses dimensions conceptuelles, ses manifestations concrètes et les enjeux qui en découlent. Dessouroux propose une approche typologique pour distinguer les différentes formes de privatisation en fonction de trois paramètres et de trois thèmes récurrents. En offrant une illustration des pratiques liées à la privatisation, cette typologie fournit aux acteurs de la gestion urbaine des outils opérationnels pour mieux adresser ces phénomènes..
- Définir l’espace public
- Un espace matériel aménagé pour une utilisation collective, librement accessible à tout un chacun, et qui ne peut être approprié de manière exclusive.
- Considéré comme un lieu de vie et d’animation, de repère identitaire, et de noyau de l’urbanité, garant d’un avenir viable et durable des villes.
- Les paramètres structurants de l’espace public
- La nature juridique : le caractère juridique et institutionnel d’un espace, en référence au droit d’usage du sol que le (co)propriétaire peut faire valoir. Il distingue les biens publics, les biens en copropriété et privés.
- Les modalités d’accès : les possibilités d’accès à un espace, indépendamment de sa nature juridique. Il va de l’accès libre et gratuit à tout un chacun à l’accès réservé à un cercle d’usagers défini.
- La régulation : les règles d’usage communes et le respect des droits collectifs. Il comprend des formes de régulation formelles (de jure), comme les règlements affichés, et informelles (de facto), qui résultent des pratiques en cours dans l’espace.
- Les types de privatisation de l’espace public urbain
- Modification d’espace existant : Une modification du spectre d’usage d’un espace public existant, qui passe d’un usage public à un usage plus privé. Cela peut se faire par une restriction d’accès, une régulation plus stricte, ou une modification du statut juridique de l’espace.
- Création d’un espace privé : La création d’un espace doté d’un caractère privé plus ou moins prononcé. Ces espaces, bien que privés, peuvent être accessibles au public selon certaines conditions.
- Les thèmes sous-jacents aux formes de privatisation
- Les revendications sécuritaires : La privatisation est souvent justifiée par le besoin de sécurité, conduisant à l’installation de mesures de contrôle et de surveillance.
- L’appropriation communautaire : La privatisation peut être vue comme un moyen de renforcer le sentiment d’appartenance et de solidarité au sein d’une communauté.
- La recherche de rentabilité : Les espaces publics peuvent être transformés en lieux de consommation et de loisirs, où l’accent est mis sur l’expérience ludique, récréationnelle, commerciale…
Principes de convivialité pour les espaces publics
Note, Jean-Philippe Dind, date non définie
En tant que reflet de la densité et de la diversité des objets sociaux dans l’espace, l’urbanité s’appuie sur la compréhension de leur configuration spatiale et des dynamiques qu’ils engendrent. Cet article explore les principes d’un aménagement convivial des espaces publics, visant à résoudre les tensions inhérentes à la vie urbaine contemporaine et à répondre aux diverses attentes des citadins.
- Les tensions de l’urbanité
- Les citadins doivent gérer les tensions entre la proximité des espaces actifs (emplois, commerces) et la nécessité de la mise à distance pour le calme et l’intimité
- Vers une urbanité vécue
- Selon M. Zepf (1999), l’urbanité se compose d’aspects socio-spatiaux favorables à une qualité de vie collective dense. Pour ajouter une dimension vécue à l’urbanité, il est important de répondre aux diverses attentes individuelles, en définissant des règles permettant l’harmonie des coprésences dans les espaces publics.
- Les liens entre l’espace conçu et l’espace vécu
- L’espace public ne détermine pas à lui seul les comportements des usagers. Les besoins et pratiques spatiales varient selon la culture, l’âge, le niveau de vie, etc.
- La qualité de l’espace public est construite socialement et dépend de la prise en compte des multiples intérêts légitimes.
- L’aménagement convivial des espaces publics repose sur les principes de congruence, diversité qualifiée, adéquation et unité ; visant à trouver un équilibre entre les règles minimales et la liberté d’expression des diversités.
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- Faciliter l’accès à l’espace public
Enjeu III : Être en capacité d’agir dans sa ville avec, via, pour les autres
L’Empowerment : cadre conceptuel et outil d’évaluation de l’intervention sociale et communautaireattachement social
Document de travail associé à la présentation effectuée dans le cadre de la conférence « De la sécurité du revenu à l’emploi : un forum canadien », William A. Ninacs, 2003
En s’appuyant sur sa thèse de doctorat en service social, l’auteur propose un cadre conceptuel de l’empowerment, articulé autour de trois dimensions : individuelle, organisationnelle et communautaire. Cette analyse met en lumière les caractéristiques distinctives de chaque dimension et les relations interdimensionnelles qui les lient.
- Définir l’empowerment
- Fondé sur l’idée que les individus et les collectivités ont le droit de participer aux décisions qui les concernent, l’empowerment (le pouvoir d’agir) se définit comme un processus par lequel ce(s) dernier(s) s’approprie(nt) le pouvoir et la capacité de l’exercer de façon autonome.
- Le cadre conceptuel de l’empowerment
- L’empowerment individuel
- Il s’agit d’un processus par lequel une personne ou un groupe acquiert un pouvoir d’agir.
- Il implique la participation, le développement de compétences, l’augmentation de l’estime de soi et la conscience critique.
- L’empowerment communautaire
- Il correspond à la prise en charge du milieu par et pour l’ensemble du milieu.
- Cela inclut la participation, les compétences, la communication et le capital communautaire.
- L’empowerment organisationnel
- Il concerne à la fois le rôle de l’organisation comme lieu où l’empowerment individuel peut se produire et son propre cheminement pour acquérir une capacité d’action..
- L’empowerment individuel
- Intervention sociale et communautaire : approche axée sur l’empowerment
- Lorsqu’il est constaté que certaines personnes ou communautés n’ont pas accès aux ressources nécessaires à leur bien-être, une intervention suivant cette approche vise à permettre aux individus de progresser dans leur empowerment personnel, tout en s’assurant que leur environnement communautaire soutient ce processus.
- L’évaluation de l’intervention se concentre sur le processus plutôt que sur un état final spécifique de capacité d’action.
- Une approche reposant sur cinq éléments clés
- Collaboration partenariale : Travailler en partenariat avec les clients ou mandants pour les impliquer activement.
- Mise en valeur des capacités : Se concentrer sur les forces et les ressources des personnes concernées.
- Double cible : Intervenir à la fois sur l’individu et son environnement.
- Acteurs actifs et ayants droit : Considérer les clients comme des acteurs actifs ayant des droits, et non comme des bénéficiaires passifs.
- Ciblage des opprimés : Diriger consciemment les efforts vers les individus et groupes historiquement ou actuellement opprimés.
La participation citoyenne pour développer un quartier
Article scientifique, Eve-Isabelle Chevrier & Jean Panet-Raymond, 2013
Cet article examine, à travers une étude de cas, comment une stratégie de mobilisation et de participation citoyenne peut jouer un rôle primordial dans la revitalisation urbaine intégrée d’un quartier, tout en contribuant à développer une vision partagée et à promouvoir des intérêts communs. En parallèle des défis inhérents à la mobilisation des citoyens, il aborde la question de la gouvernance territoriale, souvent définie par les instances supérieures de l’administration publique.
- Le processus d’empowerment
- Se concentre sur la capacité des individus et des communautés à choisir, décider et agir sur leur destin et leur environnement.
- Quatre éléments clés facilitent cette appropriation du pouvoir :
- Participation aux activités et décisions d’un groupe.
- Soutien de l’estime de soi et reconnaissance par les pairs.
- Acquisition de compétences.
- Développement d’une conscience collective et critique.
- La participation citoyenne : une mobilisation active et une prise de pouvoir
- Constituant la première étape de l’empowerment, elle se décrit à la fois comme un objectif et un processus et se décline en plusieurs formes.
- Politique : Exercice du pouvoir de décision dans l’espace public.
- Publique : Participation aux débats publics sur des questions économiques, politiques et sociales.
- Sociale : Implication dans des associations et mouvements visant à défendre des droits sociaux et à transformer les politiques et normes sociales.
- Constituant la première étape de l’empowerment, elle se décrit à la fois comme un objectif et un processus et se décline en plusieurs formes.
- Les facteurs déterminants de la réussite de la mobilisation citoyenne
- Facteurs contextuels ou conjoncturels
- Englobent les conditions de financement offertes par les politiques gouvernementales et les programmes, ainsi que les politiques des bailleurs de fonds privés.
- Facteurs organisationnels
- À l’échelle collective, la vision de quartier doit être intégrée dans un plan d’action solidement ancré dans les besoins et les aspirations de la population locale.
- La structure organisationnelle des organismes porteurs doit intégrer de la participation citoyenne dans leur vision stratégique et chercher à instaurer une culture propice à l’engagement des citoyens.
- Facteurs professionnels
- Les compétences des agents de participation citoyenne jouent un rôle déterminant dans sa réussite.
- Facteurs humains
- Les conditions de vie précaires des résidents, souvent en période d’immigration et d’intégration, constituent un facteur humain crucial.
- La mobilisation citoyenne doit répondre tant aux besoins individuels que collectifs, en offrant des solutions collectives susceptibles de générer des impacts positifs à l’échelle individuelle.
- Facteurs contextuels ou conjoncturels
La ville comme lieu du social
Article scientifique, Engin F. Isin, 2009
Cet article aborde la ville comme un lieu central pour la formation du sujet politique, le citoyen. La ville s’inscrit comme un espace où les vies des gens s’organisent et acquièrent un caractère social, influençant les identités et permettant le développement de l’individualité et de la socialité. L’auteur distingue deux types de droits urbains : les droits de la ville et les droits à la ville. Ces droits, en tension constante, rendent la ville un lieu d’affrontements.
- La ville dans sa dimension sociale
- La ville est le lieu où :
- la vie des gens s’organise, se relie à celle des autres et acquiert un caractère social.
- les relations sociales sont constamment en train de se produire, de se reproduire, de se transformer.
- la socialisation travaille les identités.
- La ville comme lieu du social ne se réfère pas seulement à sa forme réelle, caractérisée par une structure circonscrite dans l’espace (urbs), mais inclut également sa forme virtuelle, faite de relations, symboles, représentations, catégories, idées et idéaux de la ville (civitas).
- La ville comme lieu du social englobe deux ensembles de droits distincts mais interconnectés : les droits de la ville et les droits à la ville.
- Se distinguent fondamentalement par leurs principes et leurs implications pratiques. Les premiers sont étroitement liés aux aspects légaux et à l’évolution des lois. Les seconds se fondent sur des droits sociaux et des normes en constante évolution.
- L’arène où ces distinctions prennent vie, la ville favorise la formation de groupes sociaux qui réclament des droits qui vont au-delà des normes légales traditionnelles, ainsi que de ceux qui invoquent des droits spécifiquement ancrés dans la vie urbaineacilitent cette appropriation du pouvoir :
- La ville est le lieu où :
- Lutter pour la redistribution et la reconnaissance, éléments essentiels de la citoyenneté
- Indissociables des luttes pour les droits de la ville et à la ville.
- Négociation des droits à la ville
- La ville moderne est devenue un lieu central de négociation pour les droits à la ville, où les groupes sociaux s’organisent et revendiquent des droits à travers diverses technologies, comblant le fossé entre les réalités physiques et virtuelles.
- Les processus de post-modernisation et de globalisation ont transformé de nombreux conflits sociaux en débats portant spécifiquement sur les droits à la ville. Plutôt que de se battre pour des droits associés à une ville particulière, ces groupes luttent pour des droits généraux à la ville.
- Déclin de l’engagement civique
- Le déclin perçu de l’engagement civique peut être attribué aux trois facteurs clés :
- Diversification des sources d’identification : Les citoyens trouvent désormais leur identité dans des domaines tels que la profession et la consommation, qui dépassent les frontières traditionnelles des villes.
- Fragmentation urbaine : Morphologiquement et administrativement, la ville est devenue plus fragmentée, rendant plus complexe l’identification avec un espace urbain unifié.
- Mobilité accrue : La mobilité croissante conduit à chercher des identités et des valeurs dans d’autres sphères (le lieu de travail, Internet..), souvent plus enrichissantes que celles offertes par la ville elle-même.
- Le déclin perçu de l’engagement civique peut être attribué aux trois facteurs clés :
L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2019
Rapport d’étude, France Bénévolat, 2019
La quatrième édition de la série « La France Bénévole » propose une analyse approfondie de l’évolution et des dynamiques du bénévolat associatif au sein de la population française, en mettant en document les tendances démographiques, les motivations et les obstacles à l’engagement bénévole. Cette analyse permet les lecteurs et lectrices d’évaluer les implications du bénévolat pour le développement social à l’échelle locale et nationale.
- Le bénévolat en France : tendances démographiques
- Une progression du bénévolat chez les jeunes, une régression chez les plus âgés
- Les jeunes voient le bénévolat comme une activité en croissance, influencée par l’éducation, la sensibilisation aux enjeux sociaux et environnementaux, ainsi que la recherche d’expériences enrichissantes pour le développement personnel et professionnel.
- Chez les seniors, plusieurs facteurs pourrait contribuer à une diminution de l’engagement bénévole observée : les défis en fin de carrière, les obligations familiales accrues, le cumul emploi/retraite, et l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, les problèmes de santé…
- L’engagement bénévole qui reste stable chez les femmes et diminue chez les hommes
- Le maintien de l’engagement bénévole chez les femmes peut être attribué au fait d’être davantage impliquées dans les activités communautaires et dans la prise en charge des autres, le bénévolat étant ainsi perçu comme une extension naturelle des rôles qu’elles assument.
- L’engagement bénévole plus fréquent chez les individus ayant un niveau d’éducation élevé
- Ce groupe demeure souvent plus enclin à s’impliquer civiquement, bénéficiant des compétences acquises durant leur formation supérieure, telles que la gestion de projet et la communication.
- Une progression du bénévolat chez les jeunes, une régression chez les plus âgés
- Motivations et interruptions de l’engagement bénévole
- Défini comme le don de temps, gratuitement pour les autres ou pour contribuer à une cause, le bénévolat associatif en France reste stable mais évolue.
- Les interruptions d’activités bénévoles sont fréquentes mais rarement définitives.
Les raisons incluent des changements personnels ou professionnels, des problèmes de santé, un manque de temps accru, ou des déceptions vis-à-vis de l’association concernée..
- Non-bénévoles à l’épreuve des divers obstacles
- Les obstacles vis-à-vis de l’engagement bénévole incluent le manque de temps, la perception de manquer de compétences nécessaires, le sentiment de ne pas être concerné, ou encore, l’absence d’opportunités pour s’engager.
- L’absence de toute activité bénévole demeure plus fréquente parmi les moins diplômés chez les retraités, parmi les ouvriers chez les actifs, et parmi les non étudiants chez les adultes.
- Incitations à l’engagement bénévole
- Les facteurs qui pourraient conduire à s’engager incluent un surplus de temps disponible, la survenance des événements marquants, l’incitation de l’entourage, la sollicitation directe d’une association, ou un soutien externe pour acquérir les compétences nécessaires.
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Le vivre-ensemble dans l’espace urbain
Points clés à retenir
- Le rapport affectif de l’individu envers la ville, c’est-à-dire la manière dont celle-ci est perçue, est un facteur déterminant de bien-être.
- La perception de la ville par les individus est influencée par une multitude de facteurs, dont démographiques, temporels, psychologiques et cognitifs.
- Le rapport à la ville, lieu de vivre ensemble, se façonne également à travers les relations construites avec autrui – autrement dit, la manière dont les autres sont perçus par l’individu.
- L’organisation spatiale de la ville influence cette relation à autrui dans l’espace urbain. Elle peut rapprocher ou éloigner les individus et les groupes sociaux, tant physiquement que socialement.
- L’interdépendance entre l’organisation sociale et spatiale de la ville est manifeste. Les politiques sociales et urbaines peuvent avoir un impact significatif sur les relations, en modifiant la manière dont l’individu perçoit et interagit avec autrui.
- L’influence médiatique est également un facteur déterminant dans la perception des autres, pouvant diffuser des stéréotypes et des préjugés, notamment liés aux identités ethniques, de genre ou sexuelles. Les expériences de discriminations et de violences urbaines reflètent ainsi des rapports sociaux enracinés dans la société.
- Dans ce contexte, la promotion du vivre-ensemble à l’échelle territoriale nécessite des interventions spécifiquement ciblées pour répondre aux obstacles identifiés sur le territoire.
Le rapport affectif à la ville
La ville comme lieu d’investissement affectif
Document de travail associé à la présentation effectuée dans le cadre du colloque « La ville mal aimée, ville à aimer », Béatrice Bochet, 2007
En s’appuyant sur des réflexions théoriques et des données issus des enquêtes, Bochet aborde la construction du rapport affectif des individus à la ville, influencées par une variété des déterminants. Le document conclut sur la nécessité de reconnaître les différents types de liens affectifs que les habitants entretiennent avec les villes afin d’améliorer la qualité de vie urbaine.
- La définition de la ville : un concept complexe et multifacette
- Elle est généralement perçue comme un centre urbain caractérisé par une densité de population élevée, une diversité d’activités économiques, sociales et culturelles, et une infrastructure développée.
- La ville est également définie par son rôle historique et social, comme un lieu de convergence des misères mais aussi de structures d’accueil, et par son image ambivalente, à la fois lieu de tentation et de transgression, et espace de liberté.
- La ville peut donc être perçue comme un lieu où se mêlent fascination et répulsion : cette complexité fait partie intégrante de la définition de la ville dans l’imaginaire collectif.
- La définition de la ville, selon Béatrice Bochet, englobe non seulement ses aspects matériels et fonctionnels, mais aussi ses dimensions affectives et sociales, ainsi que les perceptions et les sentiments qu’elle suscite.
- La ville est ainsi abordée sous l’angle de son rapport avec les individus, c’est-à-dire comme un lieu d’investissement affectif : il est question d’explorer la manière dont les gens perçoivent, expérimentent et s’attachent émotionnellement à la ville.
- Le rapport affectif des individus à la ville est influencé par une pluralité de déterminants
- Facteurs personnels
- Se sentir bien dans sa ville : Le sentiment de bien-être et de satisfaction dans son environnement urbain.
- Être satisfait de et dans sa ville : La mesure dans laquelle les besoins et les attentes sont comblés par sa ville.
- Être amoureux, passionné de sa ville : Un lien émotionnel fort et positif avec la ville.
- Être dans son endroit préféré : Le sentiment d’appartenance et de familiarité avec un lieu spécifique de la ville.
- Facteurs urbains
- Apprécier les valeurs fonctionnelles : L’accessibilité aux services, aux commerces et aux équipements urbains.
- Apprécier les valeurs naturalistes : L’importance de l’environnement naturel et des espaces verts dans la ville.
- Apprécier les valeurs humaines : La qualité de la vie sociale et la mentalité des habitants, l’ambiance sociale.
- Apprécier les valeurs esthétiques : La beauté et la qualité formelle de l’espace urbain.
- Facteurs personnels
- Ces facteurs interagissent et influencent le rapport affectif des individus à leur ville. Cependant, la perception du paysage urbain n’est liée qu’à la vision de ces éléments particuliers. Elle est également façonnée par l’expérience personnelle ou individuelle.
- La relation perçue est fonction du cadre de vie, de la mémoire et de l’imagination.
Évolution du rapport affectif à la ville de l’individu, à travers son parcours de vie
Mémoire de recherche, Joëlle Le Borgne, 2006
Ce mémoire de recherche a pour objectif d’analyser l’importance de l’élément temporel dans la construction du rapport affectif des individus à la ville. A partir d’un questionnaire et une série d’entretiens individuels, l’auteure propose une analyse typologique des individus en fonction du rapport qu’ils et elles ont construit avec la ville.
- Éléments de définition d’une ville
- Plusieurs axes peuvent être utilisés pour aborder le concept de ville.
- Le couple densité /diversité, permettant de définir la ville
- L’importance de la ville en termes de taille, pour relativiser son influence sur les habitants
- L’image de la ville selon sa perception parmi les habitants
- Le milieu urbain, extension de la définition de la ville
- Le milieu urbain se décrit à partir de l’association du centre et de la périphérie, mais se définit en utilisant l’image du « mode de vie urbain », lié aux déplacements, aux lieux fréquentés par tous les individus d’une agglomération, aux rythmes de la ville et de ses habitants.
- Plusieurs axes peuvent être utilisés pour aborder le concept de ville.
- Construction du rapport affectif à la ville : le rôle des ressentis urbains
- Le lien à la ville est façonné par la perception individuelle, la sensibilité, et l’ambiance ressentie.
- Les expériences individuelles et les souvenirs associés aux lieux marquent profondément ce lien.
- Les désirs liés à la ville reflètent souvent le mode de vie de l’enfance.
- Le confort à domicile influence l’appréciation de la ville.
- L’importance de l’espace domestique et l’aspect financier justifient la vie en périphérie urbaine.
- Construction du rapport affectif à la ville : les déterminants urbains
- S’appuyant sur les travaux de B. Bochet, ceux-ci peuvent être identifiés comme suivant:
- Les aménités : l’ensemble des facilités offertes par la ville et des aspects concrets et matériels de celle-ci ainsi que les conséquences qui en découlent.
- L’urbanité : l’ensemble des liens sociaux qui existent ou se créent dans la ville.
- La civilité : l’observation des convenances et des bonnes manières en usage dans un groupe social.
- La lisibilité : la clarté apparente du paysage urbain ou la facilité avec laquelle l’individu peut reconnaître les éléments et les organiser de manière cohérente.
- S’appuyant sur les travaux de B. Bochet, ceux-ci peuvent être identifiés comme suivant:
- Construction du rapport affectif à la ville : les déterminants cognitifs
- Les clés de la construction cognitive du sentiment envers la ville chez l’individu selon B. Feildel :
- L’apprentissage de la ville : les conditions environnementales et comportementales dans lesquelles des changements interviennent, notamment par le biais de processus cognitifs.
- L’appropriation de la ville par l’individu : le processus d’identification reposant sur l’investissement affectif de l’individu envers l’objet, ce qui modifie en retour l’individu sur le plan affectif.
- Les clés de la construction cognitive du sentiment envers la ville chez l’individu selon B. Feildel :
Le rapport affectif à la ville : premiers résultats
Section d’ouvrage, Denis Martouzet, 2007
Cet article examine le rapport affectif des individus à la ville, en illustrant notamment comment ce rapport peut évoluer en fonction des moments clés de la vie des individus. Martouzet propose une typologie des profils des habitants selon leur relation avec la ville, incluant les catégories suivantes : l’amoureux de la ville, l’utilisateur, l’opportuniste, le nostalgique, le convaincu, le libéré, l’anonyme, le rétif et l’indifférent.
- Le rôle des facteurs émotionnels
- Les travaux de Martouzet démontrent que la construction du rapport affectif à la ville est irrégulière et réfère plus à des moments-clés de la vie (premières impressions, adolescence, premier travail, indépendance) qu’à la durée de résidence en ville.
- Quatre « chances » de la ville pour se faire aimer
- Il s’agit des moments ou des périodes clés dans la vie d’une personne qui peuvent influencer son rapport affectif à la ville.
- La première image qu’offre une ville : L’impression initiale qu’une personne a d’une ville, très négative ou très positive, peut avoir un impact durable sur son évaluation affective de cette ville.
- Un ou des événements marquants associés à une ville : Des événements personnels importants qui se déroulent dans une ville peuvent être associés à cette ville, influençant les sentiments de l’individu.
- Le moment de la première découverte de la ville : Il s’agit de la période où une personne découvre l’autonomie et la liberté que peut offrir une ville (première décohabitation, premier emploi…)
- L’apprentissage et l’utilisation contrainte d’une ville : Pour ceux qui initialement n’aiment pas la ville, le fait d’apprendre à la connaître et de l’utiliser par contrainte peut, avec le temps, amener à l’apprécier
- Il s’agit des moments ou des périodes clés dans la vie d’une personne qui peuvent influencer son rapport affectif à la ville.
- Une typologie des habitants en fonction de leur rapport affectif à la ville
- L’amoureux de la ville : Une personne qui se sent bien dans la ville, s’y sent chez elle, et apprécie la ville pour ce qu’elle est, avec ses défauts.
- L’utilisateur : Apprécie la ville pour sa praticité et ses commodités, sans nécessairement l’aimer pour elle-même.
- L’opportuniste : Sait profiter des opportunités que lui offre la ville, sans forcément les rechercher activement.
- Le nostalgique : Recherche dans la ville les caractéristiques d’une ville idéale, souvent en référence à un passé idéalisé.
- Le convaincu : Initialement peu enclin à aimer la ville, il finit par l’apprécier après y avoir vécu et en avoir découvert les avantages.
- Le libéré : Perçoit la ville comme un lieu de diminution des contraintes, un espace où il peut se sentir plus libre.
- L’anonyme : Recherche l’anonymat que peut offrir la ville, la possibilité de se fondre dans la masse.
- Le rétif : N’aime pas la ville, la trouvant contraignante et préférant s’en éloigner
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La relation à l’autre dans les espaces sociaux
La ville, forme sociale
Section d’ouvrage, Yankel Fijalkow, 2017
S’appuyant sur les travaux de Maurice Halbwachs, Fijalkow met en évidence comment l’organisation spatiale des villes peut modeler les dynamiques des groupes sociaux qui y résident. Cette analyse révèle les relations complexes entre les formes d’habitation, les espaces résidentiels et économiques, ainsi que les normes sociales. Elle évalue également l’impact des politiques de rénovation urbaine et des initiatives de promotion de l’accession à la propriété sur la cohésion sociale et la mixité, tant dans les grands ensembles que dans les zones pavillonnaires périurbaines.
- Une morphologie sociale héritée de Halbwachs
- Maurice Halbwachs, un des pionniers de la sociologie urbaine, a théorisé que la société s’insère dans le monde matériel et que les représentations spatiales fournissent un principe de régularité et de stabilité au groupe social.
- La pensée collective, selon Halbwachs, est influencée par les représentations spatiales, affectant la cohésion des groupes sociaux.
- Par conséquent, la forme urbaine et l’espace matériel produit sont en relation réciproque avec l’organisation et la cohésion sociale.
- L’organisation urbaine et la cohésion sociale
- La ville est une forme sociale en tant qu’expression concrète des normes, valeurs et habitudes d’une société donnée.
- L’organisation spatiale de la ville, incluant la répartition des activités économiques, les formes d’habitation et les lieux de pouvoir, reflète la structure et la cohésion des groupes sociaux qui y résident.
- Les transformations urbaines peuvent donc renforcer ou affaiblir la cohésion des groupes sociaux en modifiant les interactions et les perceptions spatiales.
- Impact des transformations urbaines et les politiques de rénovation urbaine
- A titre illustratif, la construction de grands ensembles de logements sociaux a souvent entraîné des changements dans les habitudes et les relations sociales des populations.
- La réhabilitation des centres-villes et la gentrification demeure également susceptible d’affecter la cohésion sociale en modifiant la composition des groupes sociaux et en créant de nouvelles dynamiques de ségrégation.
- Expérience des grands ensembles
- Les recherches montrent que la cohésion sociale dans les grands ensembles dépend moins de leur forme spatiale et architecturale que des conditions de production et de peuplement.
- La mixité sociale n’efface pas nécessairement les barrières traditionnelles entre les groupes sociaux. Les processus de ségrégation et d’évitement peuvent se produire même dans des contextes de mixité sociale.
- Rôle du marché foncier et des prix immobiliers
- Le marché foncier et les prix immobiliers sont des déterminants puissants de la répartition des groupes sociaux dans l’espace urbain.
- Cette analyse met en lumière l’importance d’approfondir l’étude des villes en tant qu’entités à la fois sociales et spatiales pour appréhender les évolutions urbaines, reconfigurant la cohésion sociale et et la mixité.
L’espace social des villes
Section d’ouvrage, Anne-Lise Humain-Lamoure & Antoine Laporte, 2017
Ce texte examine l’espace social des villes, les modèles classiques de l’organisation sociale urbaine et les facteurs qui influencent cette organisation. Il traite des processus de relégation, de ségrégation et de gentrification, ainsi que d’autres évolutions récentes. Les auteurs fournissent, dans ce chapitre, une analyse détaillée de la complexité des agencements sociaux urbains, en identifiant les tendances récurrentes et les dynamiques sous-jacentes.
- Espace social des villes
- Analyser l’espace social ne se résume pas à observer la répartition des habitants selon leurs caractéristiques sociales dont le niveau économique, l’âge ou la situation familiale. Il est autant essentiel de prendre en compte les interactions entre individus et groupes sociaux.
- Les villes, avec leur forte densité de population, sont des lieux de rencontres fréquentes. Ces interactions peuvent cependant être influencées par des comportements et des aménagements spatiaux qui permettent soit de rapprocher les personnes (à travers des lieux de rencontre), soit de les éloigner (avec, par exemple, la construction de murs).
- La proximité ou la distance dans l’espace reflète souvent les relations sociales entre individus ou groupes. Cette organisation spatiale est liée aux pratiques et aux perceptions des populations, elles-mêmes influencées par des facteurs spatiaux (ex. le coût de l’immobilier ou l’emplacement des lieux de travail) et par des politiques publiques (ex. les lois et les aménagements urbains).
- Pour analyser l’espace social, il est important de démontrer la complexité des agencements spatiaux, d’analyser les facteurs réguliers qui déterminent l’organisation sociale de l’espace et de comprendre les évolutions actuelles dans les environnements urbains.
- Les facteurs de l’organisation sociale de l’espace urbain
- Multiples et complexes, ils peuvent être classés en plusieurs catégories principales :
- Revenus et catégorie socio-professionnelle : Les revenus jouent un rôle crucial dans la détermination des choix résidentiels et l’organisation sociale de l’espace urbain. Les individus avec des revenus plus élevés ont plus de possibilités de choisir leur lieu de résidence, tandis que ceux avec des revenus plus faibles sont souvent limités à des zones moins chères et moins attractives.
- Statut familial et cycle de vie : Le statut familial, comme le fait d’être célibataire, en couple ou avec des enfants, influence les besoins. Le cycle de vie, incluant l’âge et les étapes de la vie (jeunesse, âge adulte, retraite) peut également influencer les préférences.
- Appartenance à un groupe social : L’appartenance à un groupe social, en lien avec l’origine ethnique, la croyance religieuse, les compétences linguistiques et/ou les modes de vie, peut déterminer les choix résidentiels et sociaux. Les individus peuvent préférer se regrouper avec des personnes partageant des caractéristiques similaires pour de confort social ou de facilité d’accès à des réseaux communautaires.
- Représentation de l’espace urbain : Les perceptions spatiales et sociales de l’espace urbain exercent une influence significative sur les choix et les préférences. Si les quartiers sont souvent appréhendés à travers des stéréotypes ou des informations partielles, l’accès à l’information et la capacité de compréhension jouent également un rôle crucial dans la construction des représentations de l’espace urbain.
- Les évolutions récentes, telles que la paupérisation des centres des villes post-industrielles et la gentrification des quartiers populaires, montrent également que la division sociale évolue rapidement.
- Multiples et complexes, ils peuvent être classés en plusieurs catégories principales :
La ville à trois vitesses : relégation, périurbanisation, gentrification
Article scientifique, Jacques Donzelot, 2004
Cet article propose une analyse des grandes tendances qui façonnent les sociétés urbaines contemporaines. Donzelot y définit trois idéal-types de processus urbains — la gentrification, la relégation et la périurbanisation — qu’il présente comme interconnectés. L’article se distingue par l’application de critères d’analyse, tels que l’entre-soi, la mobilité, la sécurité et l’accès à l’éducation, permettant de mieux cerner les dynamiques sous-jacentes à ces phénomènes urbains.
- Évolution de la perception urbaine
- Époque médiévale
- La ville était vue comme une société distincte, offrant refuge contre les servitudes féodales.
- Elle permettait une relative sécurité et l’accumulation de richesses, créant une communauté aux caractéristiques communes.
- Ère industrielle
- La ville résonnait des conflits de classes avec une séparation spatiale des classes antagonistes.
- Pourtant, la nouvelle ville industrielle offrant un rêve de promotion sociale individuelle, a réussi à « faire société ».
- Urbanisation totale
- La société s’est complètement urbanisée avec le développement des classes moyennes et la diminution des conflits de classes.
- Cependant, l’augmentation de la délinquance, de la violence, et la précarisation de l’emploi ont ramené l’insécurité civile et sociale.
- Ville contemporaine
- La ville actuelle est marquée par une tripartition à trois vitesses qui se caractérisent par des dynamiques sociales, spatiales et des modes de vie distincts.
- Relégation des cités d’habitat social
- Il s’agit des zones où les habitants, souvent des minorités ethniques, vivent dans un « entre soi » contraint, souvent déterminé par des facteurs socio-économiques plutôt que par choix.
- Ces habitants sont confrontés à une double injonction : rester entre eux tacitement, sans former un « nous » trop visible.
- Ces cités sont souvent associées à l’insécurité, à l’isolement, et à des difficultés d’intégration sociale et économique.
- Les grands ensembles et les villes nouvelles, autrefois symboles de modernité et de progrès, sont devenus des lieux de relégation.
- Périurbanisation des classes moyennes
- Les habitants sont des classes moyennes se sont éloignées des centres urbains vers des zones péri-urbaines, où elles recherchent un entre soi protecteur et une qualité de vie plus élevée.
- Cette périurbanisation est marquée par l’hypermobilité, la dépendance aux moyens de transport, et le besoin de sécurité et de tranquillité dans le lieu d’habitat, avec un souci pour la protection contre le vol et la surveillance de voisinage.
- Elles redoutent la proximité avec les « exclus » des cités et se sentent « oubliées » par l’élite.
- Gentrification des centres urbains
- Les centres urbains sont sujets à un processus de gentrification où les « gagnants » de la société investissent, transformant les quartiers en musées piétonniers chics.
- Cette gentrification est perçue comme une frontière symbolique entre les classes populaires et les professions intellectuelles supérieures.
- Les habitants de ces centres vivent souvent à proximité de leur emploi, peuvent s’y rendre à pied, et valorisent cet avantage.
- Les centres gentrifiés sont souvent critiqués pour leur exclusivité, avec des prix de l’immobilier élevés qui peuvent exclure les couches populaires.
- Époque médiévale
- La tendance actuelle est vers une fragmentation spatiale et sociale, illustrant ses implications pour la cohésion sociale et l’intégration des minorités.
- Ces trois vitesses illustrent une logique de séparation qui s’oppose aux interdépendances qui s’inscrivent dans l’époque industrielle, où la ville était un lieu de conflits de classes mais également de promotion sociale.
Autres articles pour aller plus loin
- Baromètre de suivi qualitatif de la pauvreté et l’exclusion sociale du CNLE
- Créer la ville : Rituels territorialisés d’inclusion des différences
- Le baromètre de la cohésion des territoires
- Les « quartiers anciens » de Lyon : lieux de transformations urbaines et sociales
- La ville, un ou des modes de vie
- L’espace public en partage. Expériences conflictuelles de l’espace et marginalisation
- Conflits d’appropriation d’espaces urbains centraux Prendre en compte les modes de relation des groupes d’acteurs
- Modes de vie et modes de ville. Activités et déplacements quotidiens à Montréal et Lyon
- Vivre ensemble : Le public au croisement espace/politique/société
- La ville socialisante : émergence et transmission
Les obstacles au vivre ensemble dans la ville
La mixité sociale : une chimère ? Son impact dans les politiques urbaines
Article scientifique, Marie-Christine Jaillet-Roman, 2005
Souvent invoquée dans les politiques urbaines pour promouvoir le brassage social et lutter contre les discriminations, la mise en œuvre de la mixité sociale reste complexe. Cet article examine les différentes dimensions de la mixité sociale dans les politiques urbaines, en interrogeant ses implications et ses limites, notamment dans le cadre des cités HLM. Il met ainsi en lumière les tensions entre l’objectif de diversification des quartiers et les réalités socio-économiques et ethniques.
- Historique des politiques de mixité sociale
La mixité sociale est souvent présentée comme un objectif clé pour favoriser le brassage social- Loi Borloo : La politique de rénovation urbaine instaurée par cette loi vise à favoriser la mixité sociale dans les quartiers en difficulté.
- Loi d’orientation sur la ville (LOV) : Cette loi, parmi d’autres, a affirmé le principe de mixité sociale comme un objectif urbain.
- Loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) : Cette loi a également invoqué la mixité sociale comme un principe organisateur de l’urbanisation.
- Objectifs de la mixité sociale
- Favoriser le mélange des populations pour combattre la ségrégation et la ghettoïsation.
- Contribuer à retisser un lien social que l’évolution des villes et des sociétés contemporaines distendrait et fragiliserait.
- Si la mixité sociale reste souvent invoquée, sa mise en œuvre effective rencontre des difficultés. L’injonction à la mixité sociale se heurte à des réalités complexes, telles que la nécessité de garantir le droit au logement et de combattre les discriminations
- Diversité des acceptions
- Désethnicisation : Une des acceptions est la volonté de réduire la concentration des populations immigrées dans certains quartiers.
- Équilibre du peuplement : Une autre acception vise à organiser les conditions d’une cohabitation paisible à l’échelle locale.
- Résultats mitigés
- Les efforts pour favoriser la mixité sociale n’ont pas toujours abouti aux résultats escomptés, notamment en raison de la résistance des populations et des difficultés à diversifier réellement les quartiers.
- Les programmes de démolition/reconstruction dans le cadre de la rénovation urbaine restent susceptible de conduire à une gentrification, exacerbant ainsi les inégalités sociales.
- En vue des complexités de la mixité sociale dans les politiques urbaines, plutôt que de chercher à imposer une mixité forcée, les efforts devraient se concentrer sur le développement de politiques qui luttent efficacement contre les inégalités et les discriminations, tout en garantissant un droit effectif à la mobilité résidentielle pour tous les habitants.
Les violences dites urbaines et la ville. Du désordre public au conflit dans l’espace public
Article scientifique, Eric Macé, 2005
Cet article explore la notion de «violences urbaines » en France, en déconstruisant le terme pour révéler les conflits de domination sociale qu’il masque. L’auteur argumente que le qualificatif « urbain » demeure inapproprié vis-à-vis des violences qui ne sont pas spécifiques aux villes, mais restent plutôt liées à des facteurs socio-économiques, culturels et psychologiques. L’article analyse les différentes interprétations des violences urbaines, adoptant une approche critique envers les réponses politiques et médiatiques qui tendent à dépolitiser ces violences.
- La ville en tant qu’espace sociale
- La ville n’est pas qu’un espace géographique mais aussi une projection spatiale des rapports sociaux. Elle reflète et matérialise les relations de domination, d’exclusion et de conflit qui existent dans la société.
- Ces rapports sociaux se manifestent à travers la distribution des ressources, l’accès aux services, l’organisation de l’espace public et les interactions entre les différents groupes sociaux.
- La déconstruction des violences urbaines
- Les violences dites « urbaines » ne sont pas des phénomènes isolés, mais des expressions de ces rapports sociaux de domination et d’exclusion : elles sont un symptôme des tensions et des conflits qui traversent les sociétés modernes, et particulièrement les zones urbaines caractérisées par une forte concentration de populations marginalisées et exclues.
- Fermeture politique et symbolique
- Macé critique la fermeture du système politique, institutionnel et symbolique à une définition conflictuelle des violences « urbaines ». Cette fermeture contribue à l’enfermement de la violence sociale et de ses dimensions politiques et symboliques dans la catégorie des violences urbaines, ce qui peut être considéré comme la cause de la reproduction et du développement de ces violences
- Potentiel de transformation
- Une plus grande ouverture politique et symbolique de l’espace public urbain pourrait contribuer à favoriser l’émergence d’acteurs associatifs, institutionnels et politiques capables de transformer cette violence sociale en conflits culturels et politiques porteurs de changements.
- L’espace public local pourrait devenir un espace d’interpellation et de mise en débat des actions et des responsabilités des acteurs institutionnels et politiques.
- Importance de l’espace public médiatique
- L’espace public médiatique peut également devenir le vecteur de cette repolitisation d’une violence sociale dite urbaine. La reconnaissance publique et médiatique d’acteurs capables de prendre en charge les violences urbaines pour leur donner un sens culturel et politique dépend de ces acteurs eux-mêmes, par leur capacité à se constituer en acteurs et en sources d’information et d’interprétation auprès des médias et des journalistes.
- La ville s’inscrit donc comme un espace social et politique où les rapports sociaux de domination et d’exclusion se matérialisent, et où les conflits sociaux peuvent se transformer en conflits culturels et politiques porteurs de changements, à condition que l’espace public soit ouvert à une réflexivité collective et à des débats démocratiques.
L’expérience urbaine des discrimination
Article scientifique, Arnaud Alessandrin & Johanna Dagorn, 2016
Cet article aborde les discriminations urbaines à travers une recherche-action menée à Bordeaux. Il explore les les discriminations les plus ressenties par les habitants, notamment dans les domaines du logement, de l’espace public et des relations avec la police. L’enquête identifie trois critères principaux de discrimination – dont le racisme, le sexisme et l’homophobie – et révèle le fait que les discriminations urbaines sont souvent perçues de manière subjective et prismatique.
- Expérience discriminatoire incertaine
- Difficulté de perception : Les victimes de discriminations urbaines souvent ne sont pas sûres si elles sont réellement ciblées ou les insultes entendues dans la rue leur sont vraiment destinées.
- Interprétation subjective : Les discriminations sont souvent perçues de manière subjective, ce qui rend difficile de distinguer les incidents réels des suppositions. Un regard ou un commentaire reste susceptible d’être interprété comme discriminatoire sans être nécessairement intentionnel.
- Expérience discriminatoire banale
- Répétition : Les incidents de discrimination sont souvent répétitifs, ce qui les banalise. Les insultes, les regards et les moqueries sont des occurrences fréquentes dans la vie quotidienne des victimes.
- Normalisation : La répétition des incidents de discrimination les rend normaux et attendus, ce qui diminue leur gravité perçue. La banalisation des incidents réduit donc leur coût subjectif.
- L’incertain et le banal caractérisent donc la nature souvent vague, répétitive et normalisée des discriminations urbaines, rendant difficile pour les victimes de percevoir la gravité de ces incidents et/ou de réagir.
- Une variété de formes de discriminations urbaines
- Racisme
- Discriminations basées sur l’origine ethnique dans divers contextes, y compris l’accès à l’emploi, au logement, dans les transports et dans l’espace public.
- Discriminations basées sur l’appartenance religieuse ou le port de tenues à signification religieuse, notamment dans les commerces, les transports et les interactions avec les forces de l’ordre.
- Sexisme
- Harcèlement verbal et non verbal à connotation sexiste et sexuelle, subi majoritairement par les femmes dans l’espace public, au travail et dans les transports.
- Homophobie
- Discriminations basées sur l’orientation sexuelle et violences LGBT+phobes dans diverses sphères de la vie urbaine, y compris dans les relations sociales, les transports, ou la rue.
- Transphobie
- Discriminations liées à l’identité de genre, notamment dans les interactions avec les administrations et les forces de l’ordre.
- Violences transphobes et harcèlement dans l’espace public et dans d’autres contextes.
- Racisme
- Ces discriminations se manifestent souvent de manière intersectionnelle, où plusieurs formes peuvent se cumuler, créant des situations de discrimination complexe et multifacette.
Autres articles pour aller plus loin
- La mixité et l’inclusion dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV)
- Regards sur la mixité sociale #2 : Vivre ensemble dans l’espace public
- Rappels à l’ordre sexué dans l’espace public : perspective intersectionnelle sur les violences dans l’espace public
- Les rapports sociaux dans les quartiers de mixité sociale programmée
- Les enjeux de la mixité sociale en France
- Regards sur la mixité sociale : comment les villes construisent le vivre-ensemble
- La ville : quel genre ? L’espace public à l’épreuve du genre
- Mixité, contrôle social et gentrification
- Les politiques de cohésion sociale – Acteurs et instruments
- L’usage de la ville par le genre
Les appropriations concrètes du vivre-ensemble et ses applications
Points clés à retenir
- Les initiatives sont développées à une échelle locale et sont portées par des acteurs variés : citoyens, associations, organisations publiques, collectivités.
- Elles ne sont pas spécifiquement dédiées au « vivre ensemble ». De nombreux projets abordent les enjeux liés au vivre ensemble, tels que la lutte contre les discriminations et la promotion de la cohésion sociale.
- Elles prennent des formes variées : apporter un service à une population ciblée, évènements festifs et conviviaux, formation, accompagnement et sensibilisation de publics, mise en relation et travail collectif, consultation citoyenne et démarches participatives.
- Elles sont développées pour répondre à un besoin identifié sur le territoire où elles s’expriment (cohésion sociale, discriminations, isolement, participation citoyenne, etc.)
Initiatives locales et citoyennes
La fête des possibles
- France / Belgique
- Chaque année, La Fête des Possibles propose un moment où toute personne désireuse peut organiser un événement festif, visant à promouvoir un monde plus durable, équitable et solidaire.
- Depuis 2014, l’événement est orchestré au niveau national par le Collectif pour une Transition Citoyenne, en collaboration avec un réseau étendu de partenaires.
- Cette coordination nationale fournit divers outils et soutiens, tels que des ressources en ligne, des formations et une cartographie dédiée, afin d’aider les organisateurs locaux. Ainsi, tout individu, association, collectivité a la possibilité d’organiser un événement durant la Fête.
- La fête des possibles, comment ça marche ?
La République des Hyper Voisins
- Paris
- La République des Hyper Voisins, lancé dans le 14ème arrondissement de Paris, est un projet innovant.
- Depuis 2017, les Hyper Voisins ont pour objectif de promouvoir la convivialité, d’évaluer la richesse générée et de mesurer son impact sur la vie quotidienne des participants, l’économie locale, l’engagement citoyen et la stratégie de résilience du territoire.
- Mené par un collectif de résidents, le projet bénéficie de partenariats en cours avec divers centres de recherche, visant à :
- Modéliser les méthodes sociales développées pour connecter les habitants d’un même territoire
- Répliquer cette expérimentation et créer des « villages hyper voisins » dans tout Paris
- Fonder une « école » pour former des amis du quartier
- Les Hyper Voisins, ou quand la convivialité renforce la résilience
- Les Hyper Voisins, un laboratoire de l’action de proximité à Paris très courtisé
Chez Daddy
- Lyon
- Lancé par Philippe Albanel en octobre 2020, Chez Daddy est un réseau de cafés installés à Lyon qui visent à combattre l’isolement social des personnes âgées, tout en recréant des liens entre les générations et en leur offrant une « deuxième famille ».
- Les animateurs, appelés « tisseurs de liens », sont présents en permanence dans les cafés Chez Daddy pour dynamiser le lieu et promouvoir l’inclusion de tous.
- Renforcé par un financement du budget participatif de la Ville de Lyon, Chez Daddy encourage les initiatives et les activités quotidiennes qui favorisent les rencontres dans une ambiance conviviale et accueillante.
- Philippe Albanel, fondateur des cafés intergénérationnels Chez Daddy. « Il faut valoriser les talents des plus âgés »
- À Lyon, le café Chez Daddy recrée du lien entre les générations
Actions associatives
Association Choisi Ta Planète
- Roubaix
- Choisis ta Planète est une association engagée dans la solidarité internationale, dédiée à la promotion d’un monde solidaire et responsable.
- À l’échelle internationale, l’association propose le programme Ciné : Action !, visant à sensibiliser au développement durable et au vivre-ensemble à travers des courts-métrages de fiction. Ces films sont réalisés en collaboration avec des associations à l’étranger et mettent en scène des enfants dans les rôles principaux.
- En France, Choisis ta Planète organise le Challenge Planète, destiné aux enfants âgés de 8 à 12 ans. L’association met à disposition une série de ressources pédagogiques sur le développement durable et le vivre-ensemble, co-créées avec des enfants de divers pays.
- Association Choisis Ta Planète
Mallette pédagogique « Être humain, vivre ensemble »
- France
- Créée par l’association Les petits débrouillards et la Fondation Thuram, la mallette pédagogique « Être humain, vivre ensemble » s’engage à promouvoir et renforcer l’éducation au vivre ensemble chez les jeunes, en combattant tout type de discrimination.
- Afin d’aborder les différentes facettes de l’expérience humaine, la mallette s’appuie sur trois thématiques : le genre, les stéréotypes et l’interculturalité.
- À travers une variété d’activités telles que des mises en situation, des photolangages et des débats mouvants, elle soutient activement les programmes de sensibilisation menés par Les petits débrouillards et leurs partenaires dans les domaines socio-éducatifs et culturels.
Association Arts et Développement Rhône-Alpes
- Bron
- Depuis 1990, l’association Arts et Développement Rhône-Alpes s’engage dans la promotion de la créativité plastique à travers des ateliers réguliers et accessibles à tous, sans inscription préalable et entièrement gratuits, situés au cœur des quartiers populaires.
- Ces initiatives artistiques constituent des espaces de rencontres et d’échanges où se retrouvent enfants et adultes, accompagnés par une équipe dévouée composée d’artistes, de salariés et de bénévoles.
- Au-delà de la pratique de l’art plastique, les ateliers visent également à favoriser le développement des enfants et de dynamiques sociales positives, encourageant les participants à s’impliquer davantage dans leur communauté.
- Association Arts et Développement Rhône-Alpes
La cohabitation intergénérationnelle
- Lyon
- Implantées à Lyon, les associations Le Pari Solidaire Lyon et Tim & Colette œuvrent à la promotion d’une forme innovante d’habitat partagé : la cohabitation intergénérationnelle.
- En tant que membres du réseau Cohabilis, les deux organisations jouent un rôle intermédiaire dans la mise en relation des jeunes adultes en quête d’un logement abordable avec des moins jeunes, disposant d’une chambre disponible et cherchant à bénéficier d’une compagnie à domicile.
- Fondée sur les valeurs de solidarité, vise un double objectif : répondre à la crise du logement des jeunes adultes tout en luttant contre l’isolement social des seniors. Elle favorise ainsi l’émergence de synergies bénéfiques pour les deux générations.
- La cohabitation solidaire
- L’association / Le projet
- Tim & Colette
Dispositifs mis en place par des collectivités
Caravane de la lutte contre les discriminations
- Seine-Saint-Denis, le Département
- La Caravane de lutte contre les discriminations est une initiative de l’Observatoire départemental, accompagnée par le Défenseur des droits et soutenue par le Département de la Seine-Saint-Denis.
- Lancée en 2022, cette caravane se déplace à travers les villes du département pour sensibiliser ses habitants aux différentes formes de discriminations.
- Le dispositif vise à aller à la rencontre des populations locales, offrant assistance, expositions et animations sur des thématiques dont le racisme, l’antisémitisme, l’antitziganisme, l’homophobie et la grossophobie. Il vise également à permettre aux résidents de rencontrer des acteurs et actrices engagés dans la lutte contre les discriminations.
- Caravane de lutte contre les discriminations – Edition 2023
Conseil consultatif des résidents étrangers
- Département Ville de Saint-Étienne
- Mis en place en 2018, le Conseil consultatif des résidents étrangers de Saint-Étienne constitue un espace de dialogue centré sur le bien-être collectif.
- Représentatif des ressortissants étrangers issus de quatre grandes zones géographiques (l’Afrique, les Amériques, l’Asie et l’Océanie, et l’Europe hors UE), le conseil inclut des étudiants, des actifs et des retraités.
- En plus d’une session plénière annuelle, les groupes de travail se réunissent périodiquement en fonction des thématiques sélectionnées par le conseil.
- Parmi ses réalisations, le conseil a mené des actions autour des thèmes « Qualité de ville, qualité de vie et mieux vivre ensemble », illustrant son engagement pour une cohésion sociale renforcée.
- Le conseil consultatif des résidents étrangers
Kit « Super Pouvoir d’Agir des jeunes »
- Centres Sociaux des Pays de la Loire
- Pour repenser l’animation jeunesse comme un levier pour renforcer le pouvoir d’agir au sein des Centres Sociaux et des associations d’Éducation Populaire, l’Union Régionale des Centres Sociaux des Pays de la Loire a lancé la formation-action « Développer le Pouvoir d’Agir des Jeunes » en 2017.
- Cette initiative a abouti à la création du kit « Super Pouvoir d’Agir des jeunes [et des moins jeunes] », conçu pour diffuser les apprentissages de la formation. Destiné aux équipes des Centres Sociaux et à toute personne engagée dans l’accompagnement citoyen, le kit offre une variété d’outils et de jeux pour soutenir le développement du pouvoir d’agir des groupes.
- Le livret « Accompagner le développement du Pouvoir d’Agir des Jeunes [et des moins jeunes] », détaille la démarche avec des bases théoriques, des analyses et des méthodes pratiques. Il encourage une pratique réflexive et locale pour promouvoir l’engagement citoyen, en stimulant les initiatives sur le terrain.
- Kit « Super Pouvoir d’Agir des jeunes »
Ville de Grenoble
- Les Chantiers Ouverts au Public (COP) est une initiative participative où les résidents de la ville, en collaboration étroite avec les autorités municipales, s’investissent dans l’embellissement de leur environnement urbain.
- Après la validation des projets d’aménagement urbain, soumises par les habitants ou les collectivités, la municipalité facilite la mise en œuvre du projet en mettant à disposition des ressources nécessaires.
- Depuis leur introduction en 2018, les COP visent à promouvoir l’engagement citoyen dans la gestion des espaces de vie, contribuant à renforcer la démocratie locale participative. Portant sur diverses thématiques (le mobilier urbain, l’art urbain, la végétalisation…), ces chantiers permettent aussi d’enrichir le tissu social local, en favorisant des moments de convivialité et d’échange.
- Chantier Ouvert au Public
- 3 minutes pour tout comprendre : Les Chantiers Ouverts au Public